La posture de l’arbre, également appelée Zhan Zhuang (Zhan = se tenir debout ; Zhuang : pieu, poteau) ou encore Chi Kung des Trois Cercles est un exercice pratiqué aussi bien en Tai Chi Chuan qu’en Chi Kung (preuve encore que même si les disciplines sont différentes, elles se font écho et se complètent). Cette posture statique peut durer de 5 à 20 minutes… voire même plus selon Eli Montaigue qui la pratique régulièrement depuis son plus jeune âge.
Dans la pratique du Chi Kung ou du Tai Chi Chuan, il est important d’équilibrer le travail en posture (Jing Dong) et les exercices en mouvement (Dong Gong) ; le mouvement sans repos épuise le Qi mais le repos sans mouvement pousse à l’inactivité, à l’indolence et affaiblit l’organisme.
La position debout est une des trois postures utilisées en Chi Kung avec l’ouise et la position couchée.
« Se tenir debout tel un arbre » est un exercice pratiqué depuis des temps très anciens en Asie du Sud-Est, et en Chine, comme méditation, art de santé ou préparation aux arts martiaux.
L’assise est la posture de méditation la plus utilisée, mais on peut également méditer couché ou debout ; la posture debout présente l’avantage de dynamiser le corps et l’esprit, évite l’assoupissement et favorise les mouvements spontanés ainsi que l’évacuation des blocages énergétiques.
Cette posture renforce les défenses immunitaires de l’organisme (WEI QI) en améliorant et régulant :
En Médecine Traditionnelle Chinoise, des postures spécifiques (variation de la position des mains) associées à des exercices internes ou des émissions de sons sont préconisées suivant telle ou telle pathologie, tel ou tel organe, dans le but de renforcer ou guérir cette affection ou fonction.
Cet exercice tient une place importante dans la plupart des arts internes et externes chinois, il est le cœur de l’enseignement du I-Chuan mais est également essentiel dans la plupart des styles de Tai Chi Chuan. La posture représente dans ces disciplines la matrice ou la source de tout mouvement ; le pratiquant reste ainsi plusieurs minutes ou dizaines de minutes, voir une 1/2h à une 1h, comme dans un laboratoire vivant, à concentrer puis déployer l’énergie, le Qi, à partir de son centre, effectuer des exercices de respiration spécifiques, des visualisations, ou sentir la circulation de l’énergie suivant des trajets précis dans son corps…
D’une façon générale on peut dire que la posture debout permet d’intégrer progressivement les principes de tout travail énergétique :
Ce processus de repolarisation conduit naturellement à l’enracinement de la conscience dans le corps, l’unification de l’Esprit et de la Matière. « La Terre nourrit le Ciel, le Ciel féconde la Terre »
Si l’on est à l’intérieur, ouvrir un peu la fenêtre et offrir quelque chose d’agréable et de naturel au regard (plantes, paysage, ciel. 😉 Les yeux restent à demi ouverts, les paupières détendues. S’ouvrir à toutes les perceptions intérieures et extérieures.
Il convient de garder la position au moins dix à quinze minutes, afin que les tensions viennent à lâcher et que l’Energie commence à circuler dans tout le corps. Commencer en restant cinq minutes et augmenter petit à petit la durée de l’exercice.
La mobilité dans l’immobilité : le but n’est pas de rester dans un immobilisme qui conduirait très vite à une rigidité ; l’arbre n’est jamais complétement immobile, ne serait-ce que par le léger mouvement de ses feuilles. D’un autre côté on ne cherche pas non plus à bouger, on « laisse faire ». Par une présence détendue et ouverte on va bientôt découvrir un mouvement intérieur incessant : mouvement respiratoire, jeu des tensions et relâchements, mouvements spontanés du corps qu’on ne cherche pas à retenir car témoignant d’une expression naturelle, de la libération de tensions accumulées à travers des mouvements musculaires ou organiques.
Ne pas retenir les bâillements (et éventuellement éructations ou pets quand les conditions le permettent !).
Accueillir les tensions et les douleurs sans lutter contre ou même s’appliquer à les relâcher, simplement les observer avec bienveillance et les ressentir pleinement, elles ont besoin de s’exprimer et vont progressivement se transformer et se dissoudre.
Ne pas tomber dans le masochisme ou la révolte !
Quand la tension devient trop pénible :
Rester attentif aux micro-mouvements dans tout le corps, aux sensations qui se déplacent au fur et à mesure des relâchements successifs. Revenir constamment au relâchement des membres inférieurs en commençant par les pieds et les chevilles qui donnent accès à la terre pour l’évacuation des tensions de tout le corps.
A la fin de l’exercice, refermer toutes les « portes » pour conserver le Qi, effectuer quelques mouvements d’harmonisation, bien relâcher les membres, se masser le visage et tout le corps, puis marcher un peu.
Voici ce que maître Montaigue dit au sujet de la posture de l’arbre (traduction d’un article publié sur The Combative Corner) :
Selon moi, le Qi Gong de l’arbre est probablement la chose la plus importante pour commencer votre voyage dans les arts martiaux internes. Et pourtant, c’est la partie sur laquelle les pratiquants passent souvent le moins de temps à s’entraîner, parce que l’exercice est considéré comme trop difficile et ennuyeux. Or, que ce soit l’aspect santé ou le côté martial qui vous intéresse dans votre pratique, le Qigong de l’arbre est la première chose par laquelle vous devriez commencer.
Tout le reste dans votre formation, que ce soit la forme de Tai Chi, le Tui Shou,la forme de combat, etc ne seront au début que des mouvements externes.
Vous ne parviendrez pas à activer votre Qi de cette façon, du moins pas avant de les avoir pratiqué à un niveau élevé, ce qui prend de nombreuses années pour la plupart des gens.
D’ici là, vous travaillez sur le perfectionnement des mouvements physiques, gagnez en souplesse et en force, etc.LE DÉBUT
Votre Qigong va cependant commencer avoir un effet sur votre Qi dès le départ, car même si ce n’est qu’une position, aussi longtemps que vous avez quelqu’un pour vous corriger (NDLR : votre maître), alors votre Qi s’activera. Alors qu’en pratiquant les formes [de Tai Chi chuan] il faut des années pour y parvenir, et alors seulement, vous commencerez à ressentir les flux de Qi. Le Qi circulera d’autant mieux que votre esprit sera calme, donc si vous êtes stressé et pensez à des tas de choses, vous ne serez pas en mesure d’activer votre Qi.
En pratiquant la forme de Tai Chi Chuan, tant que vous ne parvenez pas à une exécution parfaite des mouvements, alors vous serez constamment en train de penser à la façon de les réaliser. Tandis qu’avec le Qi Gong statique tout ce que vous avez à faire est de rester là debout, c’est donc beaucoup plus facile d’entrer dans un état d’esprit sans pensée parasite.
Votre esprit utilise plus de Qi que quoique ce soit d’autre, aussi mettre votre esprit en pause signifie que tout votre Qi peut être utilisé pour circuler à travers le corps, pour son entretien et sa guérison.
COMMENT ÇA MARCHE ?
Ce Qi Gong debout se pratique en ayant les genoux pliés, pour créer de la chaleur sous le Dan Tien. Cela stimule le Qi qui part du Dan Tien et circule à travers le corps. La structure du corps ainsi maintenue et les bras permettent d’ouvrir les canaux méridiens à travers le corps. Le Qi circule toujours à travers votre corps, et en faisant Qigong nous ne faisons qu’ouvrir ces canaux et améliorer le flux.
La posture de l’arbre vous fait faire trois choses, à savoir construire, équilibrer et débloquer votre Qi. Chez la plupart des gens il y a un déséquilibre, et certains sont tantôt Yin, d’autres tantôt Yang. Cette posture de Qi Gong est un équilibre physique parfait entre la gauche et la droite, entre le Yin et le Yang. Ainsi, en maintenant cette posture, votre Qi suivra ce que vous faites, et il se rééquilibrera à un niveau normal. En réalisant cette posture, vous remarquerez peut-être qu’une main sera plus basse que l’autre, cela est dû à un déséquilibre gauche et à droite, donc en corrigeant cela votre Qigong suivra.
Augmenter la circulation du Qi par rapport à son niveau normal, c’est à dire en le faisant monter de votre Dan Tien, et aussi de la terre, aura pour effet premièrement de remplir votre corps avec plus de Qi, de sorte que vous vous sentirez plein d’énergie. Et deuxièmement en faisant cela vous allez débloquer vos méridiens.
Pensez à un tuyau bouché : s’il est plein de crasse et que vous ne laissez y passer qu’un petit filet d’eau à travers lui, la crasse ne s’en ira jamais. Mais si vous soufflez un fort courant d’eau à travers alors la crasse du tuyau sera déblayée !
Donc, quand vous faîtes circuler un courant élevé de Qi à travers votre corps, la même chose se produit, vous nettoyez les canaux. Ainsi, dans la vie quotidienne, vous aurez une circulation libre et claire du Qi à travers votre corps.Ceci est la raison pour laquelle vous pouvez être victime de tremblements lorsque vous faites ce Qi Gong statique lorsque vous débutez – c’est le Qi qui tente de percer les zones bloquées.
COMBIEN DE TEMPS ET QUAND EFFECTUER LE QIGONG DES TROIS CERCLES ?
Vous devriez faire votre Qigong pendant au moins 20 minutes matin et soir pendant les 5 premières années de votre formation. Quand à 14 ans j’ai commencé à suivre ma formation de façon très sérieuse je parvenais à le faire pendant au moins 20 à 30 minutes matin et soir jusqu’à ce que j’ai 19 ans. A partir de là je me suis senti très équilibré et fort, et mon autre entrainement m’avait fait parvenir à un niveau où j’étais alors en mesure de construire mon propre Qi – Mais je continue toujours de pratiquer mon Qigong assez régulièrement.
Maintenant, à l’âge de 25 ans, ma forme est devenue très interne, minimaliste et je peux faire sortir de ma forme ce que j’utilise pour l’obtenir seulement de mon Qigong, et plus encore, en faisant un Qigong dynamique comme la forme de Tai Chi cela devient un plus haut niveau de Qigong.
Mais je fais toujours ma posture [de l’arbre], car je pense qu’elle est une excellente force et méthode de construction du Qi.Si vous vous intéressez vraiment au développement de votre énergie interne pour quelque raison que ce soit, alors faîtes la posture du Qigong des Trois Cercles !
Par Eli Montaigue, président de WTBA